Agnès et les sacs pics : une histoire de conservation du niébé
A l’époque où nous étions
encore jeunes, l’agriculture ne laissait personne indifférent. Les céréales
étaient très prisées car pouvant être directement consommées au champ ou
conservées pour être vendues afin de permettre aux paysans d’obtenir des
revenus monétaires. En ce moment ma priorité était le niébé, une légumineuse à
graine que j’appréciais pour ses feuilles, ses gousses vertes et ses graines
sèches. Je vous raconte une histoire qui remonte à quelques années où, à la
quadragénaire, mes parents m’appelaient encore Agnès. Nous faisons ensembles
les travaux champêtres pour produire et conserver des céréales. Par-delà des
méthodes et techniques traditionnellement acquises en utilisant la cendre, la
fumée, les feuilles de neem pour protéger les graines pendant longtemps, nous
étions confrontés aux problèmes de charançons qui détruisaient la grande partie
des légumineuses, surtout le niébé. Plus la quantité est grande, plus la destruction
est massive. Nous avons dû opter pour l’utilisation des pesticides qui dans la
plupart des cas sont non seulement d’origines douteuses mais aussi appliquées
de façon irrationnelle créant une situation de risque élevé aussi bien pour les
paysans que pour les consommateurs.
Malgré cette situation,
nous avons continué à stocker traditionnellement parce que n’ayant pas d’autres
choix. Nous sommes restés ainsi pendant des années jusqu’au jour où le PPAAO
nous est venu en aide en nous offrant des sacs pics : une technologie de conservation
du niébé en alternative aux pesticides de conservation. Vous ne pouvez pas
imaginer comme cela nous a soulagé. Nous étions comblés d’avoir un sac en
polyéthylène dont l’intérieur est composé de deux autres sacs en plastique
imperméable offrant une condition de stockage hermétique et qui nous permet de
conserver 30 à 40 bols de niébé. C’est un vrai ouf de soulagement que nous avions
poussé à la vue des sacs. Non seulement, ils sont économiques mais aussi ils
rendent sains et de bonne qualité les niébés qui y sont conservés. Les
consommateurs en demandent plus et le marché est très rentable. Ceci, grâce à
la qualité des sacs et à la procédure de conservation qui consiste dans un
premier temps à débarrasser les graines de toutes impuretés, à vérifier
l’étanchéité des sacs plastiques avant de les remplir tout en évitant que les
graines glissent entre les deux sacs plastiques. Une fois remplis, le bout du
premier sac plastique est ficelé après compression de l’air à l’intérieur de
celui –ci. Quant au second sac et celui en polyéthylène, ils sont ficelés l’un
après l’autre avant d’être compressés. Une fois fermé, il se créé à l’intérieur
du sac un espace pauvre en oxygène et riche en dioxyde de carbone empêchant
l’évolution des insectes contenus dans les graines et qui sont condamnés à
mourir.
Après plusieurs mois de
stockage sans l’utilisation de produits chimiques, les graines sont saines,
sans bruches ni charançons. Elles conservent leur qualité nutritionnelle,
physique et ne présente pas de risque de santé pour les consommateurs et sont
ainsi mieux prisés sur le marché. Partis d’un chiffre d’affaires de 800 mille
francs l’an, nous sommes aujourd’hui à plus de 5 millions par an grâce à
l’utilisation des sacs pics. Face à ces résultats qui nous réjouit, nous avons
commencé par varier les produits à conserver. Initialement destinés à la
conservation du niébé, nous conservons aussi le maïs, le sorgho, le voandzou et
bien d’autres céréales dans le sac pics.
Au regard de cet appui du
PPAAO-Togo, l’association UNIFESA de Dapaong dont je suis la présidente est devenue
la référence en matière de conservation du niébé.
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